Les trajectoires typiques du volume de l’infarctus chez les patients victimes d’un accident vasculaire cérébral, classés en progression lente ou rapide, restent largement inconnues. Cette étude visait à révéler les évolutions spatiotemporelles caractéristiques des volumes d’infarctus causés par l’occlusion de gros vaisseaux (OGV) et à montrer que de telles courbes de croissance permettent d’anticiper les résultats cliniques.
Méthodes
Les chercheurs dont Pierrick Coupé, membre du comité de direction du VBHI, Vincent Dousset, membre du conseil de gestion du VBHI, Michel Thiebaut de Schotten et Igor Sibon, tous deux directeurs scientifiques adjoints du VBHI, Thomas Tourdias, également membre du comité de direction, ont réalisé une analyse secondaire à partir de bases de données collectées de manière prospective (FRAME, 2017-2019 ; ETIS, 2015-2022). Ils ont ainsi sélectionné des données d’IRM aiguës de patients ayant subi un AVC par occlusion d’un large vaisseau antérieur avec un début témoin. Ces données d’IRM ont été divisées en ensembles de données de formation et de validation indépendante.
Dans l’ensemble de données d’entraînement, à l’aide d’une analyse de mélange gaussien, les chercheurs ont classé les patients en 3 groupes de croissance en fonction de leur taux de croissance de l’infarctus (volume de diffusion / temps d’imagerie).
Ils ont ensuite extrapolé des modèles pseudo-longitudinaux de croissance de l’infarctus pour chaque groupe et généré des cartes de fréquences séquentielles pour mettre en évidence la distribution spatiale de la croissance de l’infarctus.
Puis, ils ont utilisé ces cartes pour attribuer un groupe de croissance aux patients indépendants de l’ensemble de données de validation.
Ils ont par la suite comparé leur échelle de Rankin modifiée (mRS) à 3 mois avec les valeurs prédites basées sur un modèle de régression multivariable à partir de l’ensemble de données d’entraînement qui utilisait le groupe de croissance comme variable indépendante.
Résultats
Les chercheurs ont inclus 804 patients (âge moyen 73 ans ; 409 hommes).
L’ensemble des données d’entraînement a révélé un regroupement non supervisé en :
- 11 % (74/703) de patients à progression lente,
- 62 % (437/703) de patients à progression intermédiaire et
- 27 % (192/703) de patients à progression rapide.
L’évolution du volume de l’infarctus a été mieux ajustée avec une fonction linéaire (r = 0,809 ; p < 0,001), cubique (r = 0,471 ; p < 0,001) et de puissance (r = 0,63 ; p < 0,001) pour les progresseurs lents, intermédiaires et rapides, respectivement. Notamment, les noyaux profonds et le cortex insulaire ont été rapidement affectés dans les groupes intermédiaires et rapides, avec une plus grande implication corticale dans le groupe rapide.
La variable groupe de croissance a permis de prédire de manière significative le SRM à 3 mois (odds ratio multivarié 0,51 ; IC 95 % 0,37-0,72, p < 0,0001) dans l’ensemble de données d’entraînement, produisant une aire moyenne sous la courbe caractéristique du récepteur de 0,78 (IC 95 % 0,66-0,88) dans l’ensemble de données de validation indépendantes.
Les chercheurs ont ainsi révélé des évolutions dynamiques d’archétypes spatiotemporels à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC) selon trois phénotypes de croissance appelés progresseurs lents, intermédiaires et rapides, ce qui permet d’anticiper les résultats cliniques. Ils pensent que cela pourrait aider à concevoir des essais neuroprotecteurs visant à moduler la croissance de l’infarctus avant le traitement par thrombectomie vasculaire.
Publication scientifique
Planes D , Munsch F , Fukutomi H, Marnat G, Courret T, Micard E , Chen B, Seners P, Planche V, Coupé P, Dousset V, Lapergue B, Olivot JM , Sibon I , Thiebaut de Schotten M, Tourdias T. Dynamic evolution of infarct volumes at MRI in ischemic stroke due to large vessel occlusion. Neurology. 2024;102(12):e209427. https://doi.org/10.1212/WNL.0000000000209427